20 Avr Parcours d’une élégante: incursion dans la garde-robe de Béatrice Pearson
Jusqu’au 28 août 2016, le Musée du Costume et du Textile du Québec (MCTQ) présente “Parcours d’une élégante“, une exposition tout à fait unique sur la mode québécoise et internationale. Une incursion dans la garde-robe d’une élégante, amoureuse de mode au style unique et fidèle donatrice du musée : Béatrice Pearson.
Qui est l’élégante Béatrice Pearson?
Béatrice Marelli Pearson est née à Montréal à la fin des années 1930. Fille d’immigrants italiens, ce sont sa mère et sa grand-mère, toutes deux couturières, qui lui donnent le goût du style et du textile. “À la maison, nous avons toujours eu des tables couvertes de textiles, explique-t-elle dans l’exposition. Depuis mon plus jeune âge, j’aidais comme je le pouvais en terminant des coutures à la main ou en réalisant des finitions délicates. Quand vous avez l’habitude de travailler la fibre, les textures deviennent une partie de vous”.
Cette passion du textile constituera le fil directeur de la démarche stylistique de Mme Pearson. Une passion développée avec intuition et curiosité qui la mène aux quatre coins de la planète à la rencontre des designers et des boutiques de mode les plus en vogue, mais également dans les friperies, boutiques de seconde main et sous-sols d’église, là où les pièces les plus insolites côtoient les pièces vintage.
L’exposition présentée au MCTQ est un extrait de cette chasse aux trésors à l’échelle planétaire. Un aperçu d’une collection rassemblant près de 550 vêtements et accessoires, que l’élégante Mme Pearson a offert au musée au fil des ans.
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Une question de style
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Lorsqu’on demande à Béatrice Pearson de définir son style, celle-ci répond: “J’aime particulièrement les couleurs et les contrastes dans les textures. J’aime aussi l’association de différentes matières comme le velours, la dentelle et la soie. Et j’adore le crêpe sous toutes ses formes – la soie, la laine et même le jersey qui est difficile à travailler – parce qu’il présente un potentiel fabuleux de mouvement”.
Consciente depuis toute petite des pièces et des formes qui flattent sa silhouette, Béatrice Pearson développe un style unique, qui puise sa richesse dans l’association de vêtements de designers aussi éclectiques que Ungaro, Rochas, Marie Saint-Pierre, Issey Miyake, Comme des Garçons, Rick Owen ou Jean-Paul Gaultier, avec des pièces chinées, confectionnées soi-même ou sur-mesure.
L’élégance est quelque chose d’intangible, guidée par la confiance en soi et la connaissance du moi profond – Béatrice Pearson
Il en ressort un style que son entourage qualifie souvent d’inhabituel, voire d’un peu étrange, mais que Mme Pearson assume avec humour et fierté: “Je me souviens d’un matin, avant de partir sur mon lieu de travail où j’enseignais, mon mari m’a demandé où j’allais, jugeant visiblement ma tenue trop excentrique. Or, pour moi, il était tout à fait normal de porter un tailleur à paillettes, un chandail griffé ou une tenue de soie et dentelle pour aller travailler”.
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L’importance des accessoires
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Si les vêtements, la qualité du tissus et l’ajustement de la coupe revêtent une importance majeure dans le style de Béatrice Pearson, les accessoires en demeurent son complément essentiel. ” Les accessoires sont très importants, explique-t-elle. Vous pouvez porter une simple petite robe noire et un accessoire fera toute la différence. Naturellement, j’ai tendance à porter beaucoup d’accessoires mais je fais très attention à mes choix en fonction de ce que je dois faire, du lieu où je dois me rendre et des personnes que je dois rencontrer”.
Outre une large collection de souliers, la collection présentée au MCTQ révèle un riche éventail d’accessoires allant de la pochette de soirée au sac fantaisie, des bijoux délicats aux plus excentriques, ethniques ou graphiques. Sans oublier les foulards, les gants. Une collection oscillant entre pièces griffées et trouvailles de caractère, tout simplement intéressantes. C’est le cas notamment du “sac sourire”: “Il ne s’agit pas d’un sac griffé, il n’est pas de qualité supérieure, mais il illustre parfaitement un courant de la mode fun. C’est une pièce très intéressante que le musée devait avoir dans ses collections”.
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Des friperies aux boutiques de luxe
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L’un des fondements du style de Béatrice Pearson est très certainement son ouverture d’esprit quant à l’origine des pièces, qu’elles soient griffées, vintage, ou non, ainsi que son attrait pour les pièces de caractère, qu’elles s’expriment par leur originalité ou leur qualité irréprochable.
Enfant déjà, Béatrice Pearson prenait un plaisir fou à acheter des objets dans le bazar de l’église de son quartier. ” Je me laissais surprendre par ce que le pouvais trouver pour 25 sous, se souvient-elle. Pendant longtemps, il était mal perçu d’acheter des vêtements usagés dans les bazars ou à l’Armée du Salut. Mais lorsque mes enfants étaient jeunes, mon mari et moi n’avions pas beaucoup d’argent et nous achetions beaucoup de vêtements de seconde main. Cette façon de faire s’est inscrite dans mon quotidien”.
Ses visites dans les boutiques de seconde main, Béatrice Pearson les voient comme des aventures. Une chasse au trésor à la recherche de la pièce rare, de la surprise ou du coup de coeur. Un plaisir de chineuse qui trouve son écho dans la fréquentation intimiste des boutiques de luxe. Un tout autre décor, mais qui réveille le même amour du tissus et du style.
De son expérience dans les boutiques de luxe, Béatrice Pearson raconte: “Je trouve que le personne est en général très qualifié et que les vendeurs savent exactement le type de vêtements qui conviennent en fonction des silhouettes. Certains vendeurs m’aiguillent vers des pièces auxquelles je n’aurais jamais accordé d’attention. Inversement, on m’a dit de façon très diplomate que certaines créations ne me convenaient pas et j’apprécie cette honnêteté”.
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Le plaisir de s’amuser
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Que ce soit dans les friperies ou dans les boutiques de luxe, seul le moteur de la curiosité guide les recherches de l’élégante Mme Pearson. Une curiosité insatiable pour ce que la mode a à proposer, pour sa créativité, la façon qu’elle a de se réinventer et de se commercialiser.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Béatrice Pearson passe finalement plus de temps à observer les tendances, les prix et les matières proposées par les différentes boutiques qu’à acheter. C’est d’ailleurs cette posture d’observatrice qui lui permettent de détecter les pièces rares et intéressantes, celles qui se démarquent et s’inviteront probablement dans sa collection personnelle.
Face à ces pièces uniques, Mme Pearson n’hésite plus: “J’achète tous mes coups de coeur car il m’est arrivé de regretter de ne pas avoir acheté de merveilleuses pièces. D’autant plus que nous avons la possibilité d’apporter le vêtement à la maison, de l’essayer à nouveau, de réfléchir et de le rapporter au magasin si on change d’avis”.
C’est grâce à cet instinct d’acheteuse aguerrie à l’oeil affûté que Béatrice Pearson a pu se constituer la collection que nous pouvons aujourd’hui admirer au Musée du Costume et du Textile du Québec. Le style peut plaire ou ne pas plaire, là n’est d’ailleurs pas la question, mais il a le mérite d’offrir un héritage unique et rare de la vision de la mode par une élégante québécoise. Une vision de la mode où les coupes sont structurées – tout autant que déstructurées, les motifs colorés et expressifs, les tissus moirés, les colliers fantaisistes. Une opposition au minimalisme actuel tout à fait rafraîchissant, qui exprime le plaisir et la joie de vivre. Un caractère affirmé et assumé.
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PARCOURS D’UNE ÉLÉGANTE: INFORMATIONS
Parcours d’une élégante est une exposition de mode présentée au Musée du Costume et du Textile du Québec jusqu’au 28 août 2016. Billet régulier à 7 $.
Élégants après-midis au musée: Beatrice Pearson animera exceptionnellement des visites guidées de Parcours d’une élégante, qui seront suivies d’une dégustation de thé Kusmi Tea les dimanches 5 juin, 19 juin, 3 juillet, 17 juillet, 7 août et 21 août. Une belle occasion de découvrir les secrets des tenues exposées et d’en apprendre davantage sur sa relation avec la mode. Billet régulier à 10 $.