18 Aoû FMD 2016: Conversation avec le photographe Max Abadian
Max Abadian a photographié les plus grandes stars de la mode et du cinéma: Cindy Crawford, Coco Rocha, Sofia Coppola, Lady Gaga, Gwyneth Paltrow pour ne citer qu’elles. Depuis 20 ans, les clichés du photographe montréalais sont publiés dans les magazines du monde entier, de Vogue à Elle ou Flare. Une carrière brillante, sur laquelle il a accepté de revenir le temps d’une conférence dans le cadre du Festival Mode & Design. Retour à Montréal, la ville qui lui a donné des ailes.
Montréal: Une nouvelle naissance
Quand Max Abadian arrive à Montréal, il a tout juste vingt ans. Né en Iran, il a fuit le pays avec sa famille pour se réfugier un premier temps en Allemagne, avant de rejoindre définitivement le Canada, seul. Il ne parle ni français, ni anglais, n’a ni argent, ni structure familiale. “Mon arrivée à Montréal a été une nouvelle naissance. J’ai dû tout ré-apprendre”, se souvient Max Abadian. Décidé de se construire une meilleure vie et retourner rapidement à ses passions, dont la photographie, le jeune Abadian commence par travailler dans un restaurant. C’est là qu’un jour, cinq ans plus tard, un client avec qui il discute de photographie propose de lui vendre son appareil photo. Une caméra achetée 100$, qui marquera le début d’une longue carrière internationale. Il renoue avec son plaisir d’enfance, quand il photographiait les fleurs d’Iran avec la caméra de son oncle. La passion est telle qu’il transforme son sous-sol en chambre noire, puis décide de s’inscrire au programme de photographie à Dawson.
Le début d’une carrière
Les cours de photographie à Dawson dureront au total trois ans, mais le jeune étudiant n’attend pas la fin de son cursus pour commencer à frapper aux portes des agences de mannequin. Il les approche en leur proposant de travailler gratuitement, en photographiant les essais des mannequins. “J’ai appris beaucoup par moi-même. J’ai pratiqué, pratiqué, pratiqué. Tu utilises la même lumière, le même film mais les photos deviennent meilleures uniquement parce que tu les affines et les perfectionnes”. Ces efforts paient puisque son travail est apprécié et repéré. À tel point qu’on lui propose un jour un vrai contrat, payé cette fois.
Le style Max Abadian
Si Max Abadian est si reconnu aujourd’hui à travers le monde, c’est qu’il a su se créer un style propre. Un style réputé pour saisir la personnalité et la féminité de ses sujets. Jamais ennuyeuses, parfois controversées, ses photos font preuve de puissance et d’énergie. Une vitalité sublimée qui séduit. Mais comment en est-il arrivé à se créer un style? “À chaque fois, je reviens aux choses que j’ai aimées en grandissant. Je tente par exemple de reproduire la lumière d’un film que j’ai aimé. En art, personne crée de zéro. Nous sommes tous influencés par quelque chose”.
La photographie de mode
La photographie de mode n’est pas un art, c’est un business. Ma mission est de créer une photo pour vendre un produit. L’enjeu principal étant de réussir à s’approprier ce produit. Pour cela, Max Abadian a développé une technique: Tu dois avoir une idée de ce que tu veux dès le départ, un cadre. Mais en mode, tu dois aussi apprendre à laisser les choses couler d’elles-mêmes. Pourquoi bloquer quoi que ce soit? Le défi d’un éditorial créatif est de réussir à repousser les limites, or pour ça il faut laisser la créativité s’exprimer. Les choses sont très différentes en publicité.
Les qualités d’un bon modèle
“Un bon modèle est généreux. Ça peut paraître étrange mais tous les modèles ne sont pas de véritables modèles”, explique le photographe de mode. Dans ce métier, le langage du corps est très important. C’est pourquoi il doit y avoir une connection avec le photographe. Si certaines mannequins sont très créatives et bougent beaucoup pendant un shooting, comme Coco Rocha, d’autres sont d’excellentes exécutantes. Tout le challenge du photographe étant donc de parvenir à capturer le bon moment.
Photographier Lady Gaga
“À partir de 2005, les magazines ont commencé à remplacer les mannequins par les célébrités. Pourquoi? Parce qu’une célébrité en couverture assure de meilleures ventes. Les gens s’identifient aux célébrités, ils représentent la réalité tandis que les mannequins sont plus dans l’inspiration”. C’est ce changement de tendance qui conduit Max Abadian a photographier Lady Gaga en 2009. “Je connaissais Lady Gaga de nom mais je n’avais jamais écouté sa musique. J’ai donc téléchargé sa musique pour pouvoir l’écouter dans l’avion. Pendant le shooting, elle m’a demandé de lui réserver une photo que je ne donnerais pas au magazine. Cette photo s’est retrouvée en couverture de son album et est devenue virale. Elle a été achetée dans le monde entier, par différents magazines”.
Être photographe à l’heure digitale
Aujourd’hui, tout le monde a un avis sur tout, surtout quand on shoote des catalogues. C’est pourquoi, j’ai ma propre équipe, qui me connait et que je connais. Tout l’équilibre est de rester en contrôle sans être trop contrôlant. Pour être un bon photographe, il faut comprendre son sujet, bien communiquer avec le client et capturer le moment. Si l’un de ces trois éléments manque, ça ne fonctionne pas. Il n’y a pas de différence entre photographier avec un appareil argentique ou avec une caméra digitale: la chose la plus importante est de connaitre la lumière. Ce qui change, c’est le traitement: il sera en pré-production avec l’argentique, et en post-production avec le digital.
La mode à Montréal
À Montréal, nous avons d’incroyables talents, des photographes, des designers de mode, des créatifs en tous genres…mais ils manquent de confiance en eux. Montréal a été géniale pour moi, donc je pense que n’importe qui peut y réussir. Je pars du principe que si tu crées de la bonne qualité, les gens vont s’en apercevoir.
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Texte : Sarah Meublat
Photographie: Max Abadian (images prises lors de la conférence par Gabrielle Ferland)